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Le choc du silence et le poids des secrets

, 11:29 - Lien permanent

J’ai 6 ans 1/2. Mon pépé meurt. Mon pépé est un homme bon. J’ai de bons souvenirs.

La mort arrive rarement sur la pointe des pieds. Ici, c’est le téléphone qui prévient, le ton de mon père qui change, son regard a-larmé, sa fuite. Et la réponse à la petite fille qui demande pourquoi papa pleure : « parce que pépé dort pour toujours »… Pas de sens, ça n’a pas de sens, ça tourbillonne, c’est tout noir, ça n’a pas de sens. Il est clair que les adultes autour de cette petite fille ont fait ce qu’ils ont pu et ils ont fait de leur mieux. Rien n’est simple dans ces moments-là !

Que fait-on des émotions qui assaillent, sans parler de l’organisation à mettre en place dans un temps record ? Il y a 50 ans, on ne se préoccupait pas trop des enfants. Je crois qu’on m’a déposée rapidement chez la voisine avec une petite valise, les adultes ont murmuré un truc et puis voilà… Cela reste flou dans mon souvenir.

Mais aujourd’hui on sait plein de choses en ce qui concerne les enfants. On sait par exemple que jusqu’à environ 8 ans, le concept de la mort, immuable et permanente est inconcevable. Alors, attention, l’enfant va ressentir le climat émotionnel très particulier, il va souffrir de l’absence du défunt, mais il ne peut pas conscientiser que c’est pour toujours. Je cite très souvent cette petite phrase d’un enfant : « Est-ce qu’il est mort pour toute la vie ? »

La seconde chose que l’on sait aujourd’hui, c’est que toutes les expressions un peu plus douces pour évoquer la mort : Il est parti Il est au ciel Elle s’est envolée Elle s’est endormie pour toujours Il s’est transformé en étoile Elle nous a quitté toutes ces expressions sont comprises au premier degré par l’enfant, et cela jusqu’à tard, quasiment l’adolescence.

Donc, voici la traduction de ce que l’enfant peut penser : Il est parti : pourquoi il n’a pas dit au revoir et il revient quand ? Il est au ciel : comment on fait pour être au ciel ? Il redescend bientôt ? Elle s’est envolée : il y avait du vent ? Où est-ce qu’elle a atterri ? Elle s’est endormie pour toujours : si je m’endors, je risque de ne plus me réveiller ? C’est inquiétant Il s’est transformé en étoile : whaouh ? qu’est-ce qui s’est passé ? C’est de la magie ? Elle nous a quitté : pourquoi ? J’ai fait quelque chose de mal ? Elle était fâchée ? Je peux faire quelque chose pour qu’elle revienne ? Ah oui, parce que l’enfant pense souvent qu’il y est pour quelque chose…

Alors oui, il faut prononcer le mot MORT et lui demander ce que ça veut dire pour lui. Après, on pourra utiliser toutes ces expressions (sauf celle de dormir pour toujours si vous ne voulez pas que l’enfant devienne insomniaque !) S’il ne sait pas ce que ça veut dire, soyez factuel : la mort, c’est quand le coeur ne bat plus, le corps et le cerveau ne fonctionnent plus, la personne ne ressent plus rien, ni douleur, ni faim, ni soif, ni froid, ni chaud… Et c’est pour toujours.

Et répondez juste à ses questions, simplement, factuellement et demandez-lui toujours ce qu’il a compris, cela vous aidera.

Et entretenez le souvenir, tout de suite, c’est ce qui va vous aider, tous autant que vous êtes. Chez moi, ça ne se passe pas comme ça. Quand quelqu’un meurt, on ne parle plus de lui, on ne se montre pas de photos, il disparaît à tout jamais dans le néant !! Pas terrible !

J’ai appris environ 30 ans après, comment il était mort. Enfin, non, je ne l’ai pas appris, j’ai enfin osé le demander !! Le poids des secrets ! Et pourtant, rien de particulier dans la mort de mon grand-père !