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Apprivoiser le cimetière

, 12:36 - Lien permanent

J’ai 8 ans et j’ai très peur d’aller dans un cimetière.

Hier, je vous ai expliqué que dans ma famille, lorsque quelqu'un meurt on n'en parle plus et qu'il n'y a pas de photos. La personne disparaît ! Alors en fait, ce n'est pas tout à fait exact.

Après la mort de mon pépé, la réaction de quelques-uns a été la même. Il est décédé au mois de février. Et un an et demi après, je vais, pour la première et unique fois, passer une semaine de vacances chez ma mamie.

Pourquoi je vous parle de cela ? D'abord pour vous redire rapidement ce qui se passe dans la tête d'un jeune enfant, de moins de 8 ans environ. La mort, pour l'enfant, ce n'est pas définitif, ce n'est pas pour toujours. L'enfant perçoit tout de suite que ce qui se passe est très grave, mais il ne sait pas qu'il va falloir apprendre à vivre sans l'autre. Il ne sait pas trop non plus ce que signifie le mot « mort".

Du coup, encore un grand "Big up" à l'adolescent qui n'a pas mâché ses mots. C'est en effet ce qu'il faut faire. Dire à l’enfant, quel que soit son âge, la vérité avec des mots simples et adaptés. C'est encore mieux si on lui demande ce que ça veut dire pour lui, ce qu'il en comprend. Et ainsi, on peut répondre à ses questions. Oui, quand on est mort, c'est pour toujours. Non, le corps ne sent plus rien, le mort n'a ni faim, ni soif, ni mal. Non, nous ne le reverrons plus jamais. Oui, nous pouvons parler de lui et nous souvenir. Ah, le souvenir ! Le soutien principal du travail de deuil.

Le souvenir, c’est un pilier pour les adultes. Pour l’enfant, là aussi, c’est différent selon son âge. Pour faire court, plus il est jeune et plus ses souvenirs sont éphémères, fugaces, fragiles… Aux adultes de l’aider à entretenir ses souvenirs. Et pour cela, il faut parler du défunt, de ce qu’il aimait, d’anecdotes…

Bon, dans ce chapitre, on n’en est pas encore là. Je suis chez ma Mamie et je vais au cimetière. Bien sûr, je n’ai pas vu mon grand-père mort et je ne suis pas allée aux obsèques. Je ne me souviens même pas qu’on me l’ait proposé. Je rappelle que c’était il y a presque 50 ans !

Je ne suis encore jamais allée dans un cimetière lorsque j’arrive chez ma grand-mère l’été de mes 8 ans. Cela me fait très peur quand elle m’y emmène. Et là, je découvre une communauté de femmes de l’âge de ma grand-mère, communauté joyeuse qui prend soin de ses morts en entretenant les tombes. A ce moment-là, ses visites sont quotidiennes. Je ne sais pas combien de temps elle a fait cela : s’y rendre tous les jours.

Et je partage cela avec elle. Et bien sûr, le matin, en cueillant les fleurs, on parle de pépé. En allant au cimetière, on parle de pépé. En revenant du cimetière, on discute toujours de pépé et en même temps, on parle de la journée qu’on va passer, de ce qu’on va manger le midi, de qui on va voir, du programme télé. La vie et la mort cohabitent avec une certaine légèreté, dans mon souvenir d’enfant tout du moins. C’est parce que sa parole est libre et naturelle que la mienne peut le devenir. Et parfois, je vois son regard qui s’embue, et je lui prends juste la main, on se comprend.