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Les secrets et les enfants

, 01:16 - Lien permanent

C’est risqué le secret avec les enfants, surtout autour d’un évènement aussi important que la mort d’un proche. Le secret s’impose souvent quand les circonstances du décès sont particulières.

Quand les circonstances d’un décès sont difficiles, on ne les dit pas aux enfants, espérant ainsi les protéger. Notamment dans le cas d’un suicide, c’est une attitude que j’ai souvent rencontrée. Elle est soutenue par deux raisons : mettre l’enfant à l’abri d’un traumatisme, ne pas lui expliquer l’incompréhensible.

Je vais vous raconter une histoire vraie. Un couple avait trois enfants âgés de 2, 4 et 8 ans. L’homme avait une relation toxique avec la femme, empreinte de violences psychologiques et peut-être physiques.

Un jour, la femme a décidé de rompre définitivement cette relation. Elle a puisé en elle le courage de reconstruire sa vie et de permettre à ses enfants de grandir dans un climat plus serein.

Dans les semaines suivantes, après des supplications et des menaces de toutes sortes, l’homme a décidé de mettre fin à ses jours en faisant porter la faute à son ex-compagne.

C’est dans ce contexte que nous nous sommes rencontrées. Que dire aux enfants ? Ils sont si petits ! Et avec quels mots ?

Elle avait déjà accompli l’exploit de leur dire que leur père était mort. Les enfants n’avaient pas posé de questions et c’est cela qui m’a le plus alertée. Quelles hypothèses avaient-ils pu échafauder ?

Nous nous sommes vus deux jours après les obsèques. D’abord j’ai passé un petit moment avec elle, pour l’écouter, recueillir sa peine, la rassurer aussi. Puis nous avons pris un temps avec chaque enfant.

L’aîné, 8 ans :

- Nous sommes là pour répondre à tes questions suite à la mort de ton père.

- Est-ce que maman va aller en prison ?

- Non, pourquoi penses-tu qu’elle pourrait aller en prison ?

- Maman, est-ce que tu as tué papa ?

Voilà l’hypothèse élaborée par l’enfant qui craint, alors que son père est mort, que sa mère aille en prison. L’enfant a essayé de comprendre à partir des bribes de conversation qu’il a entendues, attrapées au vol. Me croyez-vous si je vous dis que l’enfant a été rassuré lorsque nous lui avons expliqué le suicide ? Rassuré et soulagé ! La maman a pu expliquer que c’était lui qui avait pris la décision de mettre fin à ses jours en replaçant la responsabilité de l’acte.

Le cadet, 4 ans :

- Est-ce que papa va revenir et crier fort ? Est-ce qu’il va être très fâché contre moi ?

- Non, ton père est mort et quand on est mort, c’est pour toujours. Pourquoi penses-tu qu’il est fâché contre toi ?

- Parce que, quand il crie fort, j’espère que quelque chose va l’arrêter. C’est peut-être de ma faute s’il est mort, non ?

- Non.

- Mais, il n’était pas malade ? Comment on meurt quand on va bien ?

Lui aussi a été apaisé de comprendre la notion de suicide. Ainsi, ce n’était pas ses « méchantes pensées » qui avaient tué son père.

C’était en effet étonnant que les enfants ne demandent pas de quoi leur père était mort. Ils sentaient bien que ce n’était pas possible d’en parler.

Le petit dernier, 2 ans :

- Est-ce que je peux aller regarder la télé ?

- Oui Loulou, vas-y ! Tes aînés te diront quand tu seras en âge de te poser des questions. Il n’y aura pas de secrets, pas de fantôme…

Dans cette famille, cette maman a eu l’immense courage de lever le secret et d’affronter les questions de ses enfants. Ils lui en poseront d’autres, quand ils auront besoin des réponses car maintenant, ils savent qu’elle pourra leur répondre. Et elle sait qu’elle en est capable et que les réponses les apaisent.