Un petit insecte immobile.

L’enfant rencontre souvent la mort par la découverte d’un insecte, dans le jardin, qui a fini sa vie et dont le cadavre se trouve sur son chemin. C’est souvent l’occasion de multiples questions pour l’enfant. Que s’est-il passé ? Est-ce que ce petit animal va se remettre en mouvement ? En fonction des réponses, l’enfant se sentira autorisé ou non à en parler. Puis, le deuil peut arriver par la mort d’un animal de compagnie, un petit poisson rouge, un chien, un chat. Là aussi, les réactions des adultes autour de lui vont beaucoup influencer sa manière d’aborder cette étape.

J’ai entendu moult fois des adultes m’expliquer qu’ils avaient caché la mort de l’animal à l’enfant, soit en le remplaçant, soit en inventant une histoire souvent abracadabrante dans laquelle ils s’emmêlent. Et là, ce que l’enfant va surtout comprendre, c’est qu’il vaut mieux ne pas parler d’un sujet qui met les adultes si mal à l’aise.

Mais pourquoi une telle réaction ?

Tout simplement, parce que nous, adultes, tellement mal à l'aise avec Madame La Mort, nous ne savons pas quoi en dire aux enfants. Notre peur de les traumatiser, de devoir répondre à d'autres questions est immense. "Et si à cause de cette discussion, l'enfant devenait insomniaque, hyper actif ou je ne sais quoi d'autres !!" s'était un jour exclamé un parent lors d'une conférence.

En fait, il n'y a pas de risque à répondre aux questions de l'enfant. Lui répondre simplement, factuellement, et juste à la question posée.

C'est quoi être mort ? C'est le coeur qui a arrêté de battre, le corps qui ne fonctionne plus et ne fonctionnera plus jamais et qui ne ressent plus rien.

Question simple = réponse simple.

Vous avez de jolis livres qui peuvent soutenir votre discours.

Ma petite-fille, 2 ans et demi.

Un jour, je me promenais avec ma petite-fille. Elle commençait tout juste à parler. Sur notre chemin, un ver de terre séché jonchait la route. Elle s’est arrêtée, a essayé de le pousser du pied. Pas de réaction. Elle m’a demandé pourquoi. J’ai répondu : « Il est mort ». « Et pourquoi ? » J’ai expliqué qu’il était arrivé au bout de sa vie et que son coeur (je n’ai aucune idée de la biologie des vers de terre) avait arrêté de battre. J’ai rajouté qu’il ne bougerait plus jamais et ne sentait plus rien. Pour bien vérifier, elle a marché dessus en me regardant. Pas question de surréagir, il était déjà mort, il me semblait normal qu’elle expérimente.

Nous avons continué notre balade. Au retour, plus de ver de terre séché ! Mince alors ! Elle s’est arrêtée, me regardant sans trop comprendre. J’étais bien embêtée. Pourtant, je vous assure, il était tout sec ! J’ai regardé autour de moi et je l’ai retrouvé quelques mètres plus loin, quelqu’un l’ayant sûrement poussé dans l’herbe.

Elle n’a pas été traumatisée, bien au contraire. C’était une discussion facile qui a pris seulement quelques instants.

Un an plus tard, un de ses chiens est mort pendant ses vacances. Sa maman lui a expliqué. Certainement en miroir aux réactions des adultes autour d'elle, très tristes, elle a pleuré et a voulu faire quelque chose. Sa maman lui a proposé de faire un dessin de son chien. Elles l'ont fait ensemble et le chagrin de la petite s'est estompé.

Rentrée chez elle, elle n'a pas montré de signes particuliers. Sa mère lui a montré où était enterré son chien. Elle n'a pas particulièrement posé de questions et est repartie jouer.

Quelques semaines plus tard, dans une petite ferme où elle a l'habitude d'aller, elle a appris la mort de Pistache, le lapin géant des flandres. Elle a posé plein de questions et au retour, à la maison, nous avons été chercher le livre "La mort c'est quoi" aux Éditions Usborne et nous l'avons lu ensemble pour répondre à ses interrogations.

L'enfant chemine et nous devons apporter les réponses qu'il peut entendre. Pour cela, ce livre est intelligemment réalisé avec des questions sur des rabats que l'on soulève ou non à la demande de l'enfant.