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Le bébé est-il en deuil ?

, 01:29 - Lien permanent

En tant que thérapeute du deuil, je me suis posée cette question : comment un tout-petit, un nourrisson, un bébé vit-il un deuil ?

A la fois, il est acquis par quasiment tous les spécialistes de la question du deuil que l’enfant de moins de 7/8 ans ne peut accéder à la notion du deuil car il ne peut comprendre la notion de « plus jamais ». D’ailleurs, cela explique que le petit enfant à qui on a bien dit que son papi est mort peut demander au bout de quelques temps : « Dis, il a fini quand d’être mort, papi ? ». Donc, il semble évident que plus l’enfant est jeune, moins il peut accéder à cette notion de la séparation définitive.

Mais pourtant, le bébé ressent forcément des choses autour de cette situation.

Le Bébé est un petit être très sensible aux sensations, émotions qui sont transmises par les cinq sens. Son univers est principalement sensoriel. Il reconnaît quelqu’un à son odeur, au son de sa voix, grâce à la vue aussi, certainement dans la manière de le toucher, le manipuler et même, quand il est allaité, par le goût.

Lors d’un deuil, l’univers sensoriel du tout-petit va être chamboulé. Mais il y a deux situations vraiment différentes.

Premier cas : l’une des personnes qui s’occupent du bébé (papa, maman, nounou, papi, mamie…) traverse un deuil. Le deuil influe beaucoup sur les émotions de l’endeuillé. Du coup, sa manière de manipuler le bébé, des sanglots dans la voix, la façon de le prendre dans les bras, tout cela va être différent. Et cela va durer plusieurs jours ou semaines. Le bébé va ressentir cette différence, sans pour autant comprendre ce qui se passe.

C’est parce qu’il est difficile de grandir dans un univers incompréhensible qu’il me semble important d’expliquer au bébé ce qui se passe. Vous pouvez vous mettre face à lui (l’usage de la table à langer est très pratique pour cela) et lui dire : « Voila, tu as certainement remarqué que je ne suis pas comme d’habitude. Je suis triste et préoccupée et je suis sûre que tu le ressens. Voilà ce qui se passe. Untel est mort (oui, comme toujours, il faut utiliser ce mot). C’était mon papa, ma soeur, mon enfant… et il me manque parce que je ne le reverrai plus jamais. Ce n’est la faute de personne. Il va juste me falloir un peu de temps pour aller mieux. Mais cela me fait beaucoup de bien de m’occuper de toi. Ne t’inquiète pas, il y aura toujours quelqu’un pour bien prendre soin de toi. » Bien sûr, il faut y mettre vos mots à vous. Les mots essentiels sont : mort, triste, ne t’inquiète pas.

Second cas : l’une des personnes qui s’occupent du bébé (papa, maman, nounou, papi, mamie…) décède. Le bébé va d’abord ressentir le manque, l’absence. On sait aujourd’hui que l’absence d’une figure parentale est un facteur de stress chez le tout-petit. Là, l’absence va se prolonger indéfiniment, donc le stress risque d’être prolongé et il est vraiment difficile d’évoluer dans un climat de stress répété et prolongé. C’est pourquoi il est essentiel de mettre des mots sur cet évènement majeur dans la vie de ce tout-petit enfant. Sans oublier, bien sûr, que toutes les autres figures parentales seront également touchées par ce deuil et que ce sont donc des signaux multiples que le bébé va recevoir.

Bien sûr, il peut sembler très difficile de parler de la mort à un petit bébé. Mais pourtant, une fois de plus, l’expérience nous prouve que c’est essentiel. Pensez toujours que le pire est arrivé et que les mots vont venir adoucir cette perte immense. Le plus tôt possible après l’annonce de la mort, de la même manière que dans le premier cas, vous allez vous mettre en face du tout-petit et vous allez lui dire « Tu sais mon bébé, il s’est passé quelque chose de très grave et je sais que tu le ressens. Ton papa/ta maman/ta nounou/ton frère est mort (toujours pareil, il est essentiel de prononcer ce mot). Quand on est mort, le corps arrête de fonctionner pour toujours parce que le coeur a arrêté de battre. On a tout tenté pour le (la) sauver, mais malheureusement, ça n’a pas été possible. Ce n’est la faute de personne. C’est pour ça que je suis très triste. Nous ne reverrons plus jamais ton papa/ta maman/ta nounou/ton frère. Il (Elle) t’aimait beaucoup et aurait voulu te voir grandir. Ne t’inquiète pas, nous allons tous bien prendre soin de toi. Cela me fait beaucoup de bien d’être avec toi et de m’occuper de toi. » Une fois de plus, il faut y mettre vos mots à vous. Pensez régulièrement à lui parler du défunt, à lui raconter ce qu’il faisait, qui il était. Il faut qu’il ait une place dans la vie du bébé, une place raisonnable, bien sûr.

Il est également essentiel de parler très tôt à l’enfant parce que, si vous attendez, vous ne trouverez jamais le bon moment pour lui parler de ce drame. Donc, autant le faire tout de suite. De plus, vous donnez au bébé le rôle de vous aider à traverser ce drame, et cela est positif pour lui.

Je vous conseille aussi, si possible, de garder pour votre enfant un objet du défunt. Cela peut être un foulard, un pull, une montre, un parfum (l’olfactif est un très puissant évocateur de souvenirs) quelque chose qui puisse faire doudou est idéal. Pensez, si vous le supportez, à mettre une ou deux photos du défunt chez vous. Ainsi, en grandissant, votre enfant aura l’habitude de voir et d’entendre parler du défunt qui, du coup, fera un peu partie de sa vie. Le tout-petit n’a pas ou peu, selon son âge, de souvenirs avec le défunt. C’est en lui racontant des anecdotes qu’il pourra se constituer un stock de souvenirs, très important pour bien grandir.

Songez à vous faire accompagner ou épauler dans ce moment. Vous pouvez m’appeler, même si vous êtes loin de Pau. Par mail ou téléphone, je vous consacrerai le temps nécessaire pour en parler ensemble.

Je vous souhaite beaucoup de courage, mais n’oubliez jamais que ce qui crée du traumatisme chez l’enfant, c’est souvent son imaginaire qui s’emballe parce qu’il sent qu’on lui cache quelque chose. La vérité est finalement souvent plus apaisante pour les enfants que nous ne le pensons, nous les adultes.