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Accompagner un enfant au funérarium

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Lorsque la mort s'invite dans une famille, la question de la place des enfants revient souvent. Le funérarium, l'enfant doit-il, peut-il s'y rendre ?

J’écris cet article grâce à mes connaissances théoriques et empiriques et également grâce à l’éclairage de l’article Accompagner la fratrie au funérarium de Muriel Derome dans le Carnet PSY 2013/8 (N°175) p. 38 à 41. Lien pour retrouver l’article

Accompagner un enfant dans le moment du deuil est souvent l’affaire d’une famille elle-même fortement éprouvée qui doit prendre des décisions qui demanderaient une grande réflexion en quelques heures ou jours. C’est pourquoi cet article s’adresse plutôt aux professionnels qui les entourent et qui sont, eux, à une plus grande distance émotionnelle de l’évènement.

Faut-il accompagner un enfant au funérarium ? Faut-il lui montrer le corps du défunt ? A partir de quel âge ? Comment faire ?

Il y a autant de réponses que de familles, car chaque histoire familiale est unique et singulière. Cependant, deux choses pour commencer me paraissent très importantes ; Quoi que vous fassiez, vous faites de votre mieux dans une situation très difficile. Il n’y a aucune obligation dans ce domaine. Écoutez-vous, faites-vous confiance et demandez de l’aide si vous en avez besoin. Il n’y a pas d’âge minimum pour aller au funérarium et bien accompagné, l’enfant ne sera pas traumatisé par cette visite.

Si l’enfant, même très jeune, en fait la demande, il est préférable qu’il puisse se rendre au funérarium en étant accompagné d’un adulte qui s’en sent capable. L’enfant est curieux, il a besoin de mettre des images concrètes sur ce concept très flou qu’est la mort. Les enfants en fin de vie nous apprennent qu’ils peuvent parler de la mort, même de la leur et que souvent, s’ils se taisent, c’est pour protéger les adultes qu’ils sentent très vulnérables sur cette question. Voir le corps du défunt permet d’en parler et de mieux comprendre la mort. Muriel Derome parle des études qui montrent qu’être en contact avec le corps du défunt préserve généralement du deuil pathologique.

Si l’enfant ne le demande pas, un adulte (pas forcément son ou ses parent(s) fortement impacté eux-mêmes) peut lui proposer avec l'accord des parents, bien évidemment. Il est probable que l’enfant n’ait pas osé le demander ou ne sache même pas que cela est possible.

Si l’enfant semble terrorisé et refuse d’y aller, il est très intéressant de lui demander comment il imagine les choses : le lieu, le corps du défunt afin d’identifier ce qui lui fait peur et de lui proposer de venir vérifier par lui-même afin de calmer son imaginaire qui, faites-moi confiance, est débordant d’activité et d’inventivité souvent peu en lien avec la réalité qui, la plupart du temps, va apaiser l’enfant. « L’enfant a besoin d’une explication qu’il puisse relier aux émotions qu’il ressent ou perçoit chez ceux qui l’entourent : tristesse, angoisse, colère… Si rien ne lui est expliqué, il va se faire son propre scénario à partir de toutes ses terreurs internes encore plus terrifiantes que la réalité. Il fera alors comme si de rien n’était, mais pensera que tout ce qui est arrivé est de sa faute, qu’on ne lui fait pas confiance et que les adultes lui mentent » (Muriel Derome).

Comment préparer l’enfant et sa visite au funérarium ?

Avec un enfant, il est important de toujours s’assurer qu’il comprend ce dont vous lui parlez. J’aime bien commencer par une question : « A ton avis, comment c’est l’endroit où est le corps du défunt ? » Et ainsi, l’enfant peut vous expliquer ce qu’il a déjà élaboré comme hypothèse. Soyez précis et factuel. Par exemple : c’est un bâtiment avec une grande porte vitrée. A l’intérieur, il y a comme une salle d’attente avec des sièges et des verres d’eau. Et puis, il y a des pièces plus petites, fermées par des portes. Dans l’une d’elles, il y a le corps de la personne morte. Quand nous ouvrirons la porte, tu verras que la pièce est un petit peu sombre parce qu’on n’a pas envie d’une lumière forte qui ferait mal aux yeux. Il y a une table (ou un lit, en fonction bien sûr, mais je n’aime pas le mot lit qui fait penser au sommeil) sur laquelle est posé le corps. Il est habillé avec (on peut décrire les vêtements ou le drap qui recouvre le corps). Il a les mains croisées, les yeux et la bouche fermés. Son corps est tout froid et rigide. C’est bizarre quand on le touche, et tu ne seras pas obligé de le toucher, ce sera comme tu voudras. Qu’en penses-tu ? C’est comme ça que tu imaginais l’endroit ? Et puis, dites-lui ce que vous allez faire : on va rentrer dans la pièce, on laissera la porte ouverte ou fermée, comme tu voudras. On pourra s’approcher de son corps. On pourra lui parler mais il ne nous répondra pas parce qu’il est mort. Tu pourras le toucher si tu veux. Tu peux aussi lui préparer un dessin qu’on mettra près de lui, ou lui apporter un objet que tu serais content de lui laisser. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais préparer ? Est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que tu voudrais faire ? Et ensuite, nous repartirons tous les deux et nous rentrerons à la maison. Est-ce que tu as des questions ? Est-ce que tu as compris tout ce que je t’ai dit ?

Avant de vous y rendre avec l’enfant, je vous conseille d’aller au funérarium seul, d’abord pour vous habituer et vivre vos émotions, sans contrainte et sans frein. Et également pour préparer la venue de l’enfant. Mettez-vous à hauteur d’enfant et vérifiez ce qu’il va voir : l’intensité de la lumière, l’inclinaison de la tête, l’odeur… N’hésitez pas à pulvériser quelques gouttes d’huiles essentielles.

Il est important, lorsque vous préparez avec l’enfant sa venue, qu’il réfléchisse à ce qu’il voudrait faire, quelque chose qui ait du sens pour lui : réciter une prière, un poème, écrire une lettre, apporter un objet, une peluche, apporter un peu du parfum du défunt et lui en mettre, le couvrir avec un plaid qu’il appréciait particulièrement, lui amener une fleur qu’il aimait…

Si l’enfant manifeste ses émotions par des larmes, laissez-les couler en accueillant l’enfant dans vos bras, sans un mot, juste pour lui permettre d’exprimer sa peine. Soyez attentifs aux petits mots qui disent la pensée magique : c’est parce que je l’embêtais souvent, c’est parce que je ne l’aimais pas assez, c’est parce que je lui en voulais de me voler mes jouets… et reprenez les mots de l’enfant en lui disant que ce n’est pas de sa faute et que personne n’y pouvait rien.

Si cela est possible, lorsque vous sortez, proposez à l’enfant de faire la course jusqu’à la voiture par exemple, ou une partie de foot à la maison, une activité physique pour décharger les émotions fortes qu’il vient de vivre.

Il sera important aussi de préparer l’enfant à la suite, la cérémonie, l’enterrement ou la crémation et d’accompagner une fois encore les parents désemparés dans cette préparation.

Muriel Derome nous rappelle aussi qu’il est essentiel de proposer à l’enfant de remettre en mot ce qui a été vécu car « parler peut permettre d’éviter de figer ou de cristalliser le souvenir et il nous semble que nous semons ainsi des germes de résilience. » Parler de la mort « ne fait pas mourir et ça peut même aider à vivre ! »

Pour cela, il existe des associations qui proposent des groupes pour les enfants endeuillés, des groupes de soutien et d’accompagnement à l’élaboration de leurs émotions et du souvenir du défunt. Vous avez le réseau Empreintes avec les associations locales Vivre son deuil, l’association La Marguerite dans le 04 et certainement plein d’initiatives locales que je ne connais pas.

En tant que thérapeute, vous pouvez aussi proposer à l’enfant de vous raconter en dessin ou avec des jouets la cérémonie, sa visite au funérarium, l’annonce de la mort afin de lui permettre de remettre en mots ce qu’il a vécu.

Et bien sûr, vous pouvez vous adresser à moi pour vous accompagner, vous soutenir et vous permettre de prendre du recul dans ces situations.

Vous pouvez également prendre un premier rendez-vous gratuit de 30 mn pour me rencontrer et que nous voyons ensemble si une séance de supervision est adaptée à votre besoin.