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Ne pas avoir pu voir le corps de ma Mamie

, 14:04 - Lien permanent

Cela a entraîné des pensées et images obsédantes.



Vous vous en souvenez peut-être si vous avez lu d'autres posts sur ce sujet mais je résume ici pour que tout le monde puisse comprendre. Ma Mamie a été assassinée il y a plus de 30 ans. A cette époque, aucun accompagnement ne nous a été proposé, je ne peux même pas vous dire si cela existait, à vrai dire, je n'ai pas cherché. Je ne savais pas que j'avais besoin d'aide.

Du fait des circonstances de son décès, il y a eu une enquête, une autopsie, et comme les faits se sont passés loin de son lieu de résidence, son corps a été rapatrié. De ce fait, le cercueil était plombé et il nous a été impossible de la voir une dernière fois.

Si j'en parle, ce n'est pas pour vous émouvoir, mais pour vous faire partager mon ressenti, mon vécu, unique forcément. Nous ne sommes pas très à l'aise dans notre société avec le corps mort. Nous hésitons à aller le voir, nous le déconseillons aux plus fragiles, aux plus jeunes, aux plus âgés aussi... Et pourtant, voir le corps, s'il présente un aspect apaisé, si l'endeuillé est préparé et accompagné, cela peut apporter un grand réconfort.

Si vous saviez le nombre de fois où j'ai entendu dans mon cabinet de thérapeute du deuil le soulagement d'avoir vu le visage serein, d'avoir pu constater la réalité de la mort, d'avoir pu dire quelques mots, d'avoir pris le temps de l'adieu. Oui, c'est cela qui m'a manqué ! Sa mort étant tellement inattendue, je ne lui avais pas dit adieu, bien au contraire, je lui avais dit : "A bientôt !", convaincue de la retrouver quelques jours plus tard.

Dans tous les articles où je vous parle des enfants, je vous dis qu'il est important de leur expliquer avec des mots vrais pour que leur imaginaire ne s'emballe pas. Et bien, moi, mon imaginaire est parti au triple galop et il m'a fait faire deux grands cauchemars. Le premier : "Et si on s'était trompé, si ce n'était pas elle, en fait, personne de la famille ne l'a vue, et si..." et le second : des images cauchemardesques liées aux circonstances de sa mort. Si je l'avais vue, peut-être en aurait-il été autrement. Mais c'est ainsi et l'on n'y peut rien changer ! Enfin si, justement, on peut y changer quelque chose !!

C’est possible d’aider les personnes à se défaire de ces images, de ces interrogations pour ne plus être parasité. C’est long, mais ça marche. Plusieurs techniques existent. Si c'est un trauma, les techniques de mouvements alternatifs, EMDR et dérivés sont très efficaces. Cela peut être aussi une action très consciente. Ainsi, grâce à une amie sophrologue, je suis venue remplacer, consciemment, ces images difficiles par une photo que j'avais toujours avec moi et que je regardais en ravivant mes souvenirs es-sens-tiels (par les 5 sens : où était-ce, quel temps faisait-il, quelles odeurs nous entouraient, quels vêtements je portais, est-ce que nous mangions quelque chose...). Petit à petit, avec beaucoup de constance, ces images réelles sont venues remplacer les imaginaires. On peut s’aider aussi d’une musique, d’un parfum… qui vient petit à petit remplacer la pensée ou l’image difficile.

Et pour gérer la lancinante question du : "Et si on s'était trompé ?", j'ai décidé, le jour de ses 100 ans, que même si elle avait été amnésique quelque part, sans aucun moyen de recouvrer son identité, elle était sûrement morte désormais. Et j'ai arrêté de la chercher partout, dans chaque rue, dans chaque silhouette, dans chaque reflet... Quel soulagement ! Plus besoin d'être en alerte tout le temps !

J'ai trouvé très intéressant de vivre ce chemin, qui est le mien propre, j'en suis bien consciente ! Je ne peux que conseiller, après cette expérience, et en m'appuyant sur les recherches théoriques de Christophe Fauré et d'autres, d'essayer de voir le corps, de vivre cette rencontre avec la réalité de la mort et ainsi, de pouvoir s'engager sur le chemin du deuil en toute conscience.

Pour vous donner un autre exemple, je me souviens d'un jeune homme qui venait de perdre son meilleur ami, qui ne pouvait y croire et qui était terrifié d'aller voir le corps. Accompagné d'un de ses amis, il s'est rendu au funérarium. Il est resté dans le hall d'accueil et son camarade est entré dans la pièce, est resté quelques instants et est venu lui confirmer que c'était bien leur ami qui était là. Il n'a pas eu besoin d'aller voir, il savait car il avait une totale confiance en ce copain. Il y a toujours un moyen de réussir à se confronter à la mort sans aller au-delà de ses limites.