Convoquer le symbolique

Un cocon de douceur pour accompagner sur votre chemin de deuil.

Billet

Ce qui est souvent difficile dans le deuil, c’est le non sens. C’est une expression récurrente : sa mort n’a pas de sens ! Je ne comprends pas !



Et en effet, le temps que cet évènement ne prend pas sens, le deuil est compliqué à entamer. Attention, je ne suis pas en train de vous dire que la mort a un sens, une mission, que le destin en a décidé ainsi, qu’il avait rempli sa mission sur terre ou je ne sais quoi d’autre. Non, je vous parle de la signification que nous donnons aux évènements de notre vie. Ainsi, cela part de nous, c'est une action de notre part et non quelque chose d'extérieur, une force, un dieu ou un destin qui tirerait les ficelles pour nous. Cela n'est pas ma croyance, même si je respecte tout à fait ces pensées.

Comment redevenir acteur d'un évènement dont on a pu se sentir dépossédé et souvent très impuissant ? C'est là qu'intervient le symbolique : comment rendre hommage de manière significative à mon proche ? Est-ce en faisant une cérémonie particulière à la date de sa mort ? En créant une association ? En suivant le chemin de Compostelle ? En réalisant un voyage, un défi sportif ? En confectionnant un gâteau à sa date anniversaire ? En buvant une coupe de champagne au cimetière ? En allant avec des copains écouter son morceau de musique préféré au cimetière ? En changeant de métier ?

Bref, mille manière de faire ! Autant d’idées que de personnes !

La mission des accompagnants : permettre de faire émerger cette symbolique significative et de la mettre en action pour favoriser le travail de deuil. J'ai souvent constaté que les endeuillés ne s'autorisent pas trop de libertés, hésitant à être originaux, uniques. Mais c'est ça le symbolique, c'est toujours quelque chose d'unique, de personnel, c'est ainsi que cela a le plus de sens, le plus de force.

Et vous, qu’avez-vous fait de fou pour donner du sens ? Moi, j’ai créé mon métier ! Cela me permet d'ailleurs de préciser qu'il n'y a aucune obligation. Pendant des années, je n'ai rien fait de ces deuils, je n'ai pas pu convoquer le symbolique, c'était au-delà de moi ! Déjà, je ne savais pas que c'était possible, mais quand bien même je l'aurais su, je ne pense pas que cela aurait changé quelque chose. Je me suis laissée guider par mes envies, mes découvertes, mes rencontres. Et un jour, je me suis rendue compte que j'avais envie de transformer cet évènement tragique de ma vie en quelque chose dont je serai fière. Et j'ai créé mon métier, 23 ans plus tard.

C'est important de le préciser car je ne me permettrais jamais d'être dans des injonctions au bien-être, au "aller bien" qui fleurissent tellement sur nos réseaux sociaux et dans nos entourages. Il est bienveillant de la part des autres de vouloir que l'endeuillé aille bien, évidemment. Cependant, le symbolique dont je vous parle ne peut venir que de l'endeuillé, au bon moment pour lui et en aucun cas pour son entourage. Restons toujours attentif à son rythme, et à son besoin, restons à son écoute.