Ah ! C’est étonnant, ça ! Que se passe-t-il donc au moment de la mort ?

Nous oublions tous les défauts, tous les mauvais moments, et nous faisons du disparu une personne parfaite, avec plein de qualités, merveilleuse. Entendez-vous souvent des critiques aux obsèques ? Parfois, une petite pointe d’humour, éventuellement, vient pigmenter le discours !

Alors, me direz-vous ! Où est le problème ? C’est une manière de rendre hommage à la personne, ce n’est pas grave !

Sauf si cela vient faire effraction à la réalité des souvenirs des plus jeunes par exemple ! Justement, voici l'exemple d’un jeune enfant dont le papa est décédé. Quand la maman me raconte le contexte familial, elle décrit une super relation entre l’enfant et son père, un papa aimant, présent dans la vie de son petit. Oui, mais moi, quand j’anime l’atelier, l’enfant ne sait pas quoi dire quand on évoque les souvenirs, ce que le disparu aimait, les activités qu’ils partageaient ensemble. Et là, ce n’est pas ok pour cet enfant. Comment va-t-il grandir entre l’image de ce papa idéal et ses souvenirs manquants ?

La réalité ne ressemblant pas à ce qu’on lui racontait, cet enfant-là ne pouvait pas réactiver ses souvenirs. Avec mon aide, il a pu dire à sa maman qu’il se souvenait de papa fatigué, rentrant du travail et ne souhaitant pas être dérangé sur le canapé devant la télé. C’est humain ! Bien sûr, il n’y avait pas que cela. La maman a pu raconter des week-ends, des vacances, des moments rares et privilégiés. Et l’enfant a senti ses souvenirs revenir, tous, les bons et les moins bons.

Alors attention à la sacralisation des défunts ! La réalité est souvent bien suffisante pour maintenir le souvenir. Et non seulement pour se souvenir mais aussi pour se construire. Un enfant ne peut pas se construire si son modèle est parfait et absent ! C'est trop de difficultés ! C'est insurmontable, inatteignable ! Et dans les défauts du défunt, le vivant peut se reconnaître, et cela fait aussi du bien !

Voilà, c'est pour toutes ces raisons qu'il est important de se souvenir de tout, des qualités et des défauts ! Et pour cela aussi qu'il est si important d'être honnête. Lorsqu'une "mauvaise personne" décède, elle reste une "mauvaise personne", pas la peine, pour adoucir la peine, de changer l'histoire et de la transformer en personne "suffisamment bonne" !