J’ai remarqué que lorsqu’un enfant meurt dans une famille, il prend toute la place ! Son absence est criante, envahissante et parfois, cela peut être difficile pour certains membres de la famille.

Je me souviens de ce père qui ne pouvait plus voir des photos de sa défunte fille partout dans la maison. Cela lui était insupportable. La juste place pour lui se situait dans une belle photo de famille accrochée au mur du salon, et c’est tout ! Je me souviens aussi de cette maman qui a fait un magnifique hommage à son fils, hommage posté sur YouTube, je me souviens également de cette maman qui avait demandé à sa fille d’annuler son mariage (programmé depuis plus de deux ans) car cela lui était impossible maintenant que sa fille était morte. Je me souviens de ce grand frère me disant, en parlant de sa petite soeur, fou de rage : « c’est facile pour elle, elle ne fait jamais de bêtise, elle ne fait rien, elle est morte ! » Et ce papa qui après 10ans de deuil s’interdisait toujours tout sentiment de joie ou de bonheur par fidélité à sa fille décédée.

Comment aider à trouver la juste place ? J’aimais bien demander aux gens s’ils pensaient tout le temps à (prénom d’un enfant vivant) ? Avec un peu d’honnêteté, la réponse est non. Et nous cherchions ensemble quel moment ils pouvaient réserver au défunt, pour se consacrer à eux et aux vivants le reste du temps.

Les rituels sont une idée puissante dans cette recherche de justesse. Si je consacre 5 mn le matin et 5 mn le soir à allumer une petite bougie et raconter à maman ma journée en prière ou pensée, alors le reste du temps, j'ai le droit d'être un enfant comme les autres. Si quelques jours avant Noël, je fais une petite cérémonie, un petit rituel pour mon enfant défunt, alors je serai plus disponible pour ma famille le jour de Noël. Nous pouvons aider les gens à trouver leur propre idée, celle qui aura du sens et leur fera du bien.